04-08-2025
Gérald Darmanin annule la participation d'un détenu à une semaine de «surf thérapeutique» à Saint-Malo
Face à la colère d'un syndicat pénitentiaire, le Garde des Sceaux a annulé une sortie surf d'une semaine à Saint-Malo prescrite par le service médico-psychologique de la prison de Rennes-Vezin.
Gérald Darmanin met le holà. Le service médico-psychologique de la prison de Rennes-Vezin (Ille-et-Vilaine) avait proposé un séjour de «surf thérapeutique» d'une semaine à Saint-Malo pour l'un de ses détenus. Une initiative qui devait se concrétiser à la rentrée, mais que le Garde des Sceaux a fait annuler vendredi 1er août, après la bronca d'un syndicat pénitentiaire.
«Le SMPR est totalement aux abonnés absents pour soigner ces détenus dangereux ! Mais lorsqu'il s'agit de dépenser des crédits (dont, au passage, on serait heureux d'avoir), ils sont aux anges», tempêtait Eric Toxé, secrétaire local du syndicat UFAP-UNSa Justice, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux vendredi 1er août. «Quand on pense aux difficultés actuelles pour boucler un budget pour la nation, ici les coffres sont pleins... Il y en a qui n'ont honte de rien !»
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Auprès de RMC, le syndicaliste ne décolérait pas : «C'est insultant pour le personnel parce que c'est une provocation, pour les victimes car la prison ce n'est pas ça pour eux. Et c'est insultant pour les Français car on leur demande de se serrer la ceinture.»
L'affaire a rapidement pris une tournure politique. Vendredi, le député RN Thomas Ménagé s'est fendu d'un tweet cinglant : «40 % des Français renoncent à partir en vacances, mais les détenus du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin vont avoir droit à une semaine de "surf thérapeutique" à Saint-Malo. Tout va bien, Gérald Darmanin ?»
Un projet pas encore validé
Face au tollé, le ministère de la Justice a réagi dans la journée. «Le Garde des Sceaux a demandé l'annulation immédiate de cette activité qui devait avoir lieu à la rentrée conformément à la doctrine qu'il a instaurée à son arrivée», ont assuré ses services contactés par Le HuffPost . «Chaque projet d'activité au sein d'un établissement pénitentiaire fait l'objet d'une validation par une commission pluridisciplinaire, ont ajouté les services du ministère de la Justice à Ouest-France. Cette semaine de surf n'était pas encore passée devant la commission, et ne le sera pas puisque le ministre a indiqué qu'elle n'aurait pas lieu.» Une précision qu'Eric Toxé a tenu à démentir, toujours auprès de Ouest-France : «Elle est bel et bien passée en commission, c'était programmé pour mi-septembre.»
À la mi-février, Gérald Darmanin avait ordonné l'arrêt de toutes les «activités ludiques ou provocantes» en prison qui ne concernent pas l'éducation, la langue française ou le sport. Une décision retoquée en mai par le Conseil d'État, qui considérait alors que le ministre de la Justice ne pouvait interdire «des activités conformes au code pénitentiaire, simplement parce qu'elles auraient un caractère 'ludique'».